100% de véhicules neufs électriques en 2035 ? L’Europe disjoncte !

Pour Benoit Lutgen et Pascal Arimont, la décision de ne plus autoriser que la vente de véhicules électriques en 2035 est néfaste… pour le développement durable, mais aussi pour l’innovation et la recherche dans le secteur automobile, donc l’emploi et la compétitivité, et plus largement pour la souveraineté de l’UE.

Cette position purement dogmatique est prise alors que rien n’est préparé sur le plan industriel européen, c’est une véritable catastrophe annoncée.

Benoit Lutgen et Pascal Arimont

LE COUP DE GUEULE DE BENOIT LUTGEN DANS LA PRESSE

D’un point de vue environnemental et climatique, les Députés rappellent que l’extraction des minerais indispensables aux batteries (cobalt et lithium) a des conséquences environnementales et humaines désastreuses en Afrique, notamment. En outre, les matières premières et les terres rares nécessaires sont principalement raffinées en Chine. Cela entraîne d’autres dépendances dangereuses. Enfin, cette décision ne prend en compte que le CO2 émis de la voiture, et pas le cycle de production de la voiture (production de la voiture, batterie, électricité produite majoritairement à partir d’énergie fossile…), ni le recyclage des voitures actuelles ou encore les émissions de CO2 issues du transport des voitures produites en Chine. Le « Think global » a disparu des radars dans ce dossier.

La décision prise aujourd’hui aura un impact important sur le pouvoir d’achat des citoyens (achat de véhicules et recharge électrique), et comportera des difficultés plus particulières pour les ruraux, en raison notamment du réseau de bornes de recharge. A ce jour, il est totalement insuffisant, et la Wallonie peine à atteindre les jalons qu’elle s’est fixée.

De plus, la production d’électricité, nécessaire pour alimenter l’ensemble du parc européen, n’est pas garantie. « Cela crée une tension forte sur cette énergie, déjà sous tension ses dernières années, et en particulier cet hiver », soulignent les Députés. Sans compter la problématique de la saturation du réseau.

Lutgen et Arimont insistent : « Nous avions proposé de laisser un seuil d’au moins 10% pour que d’autres types de voitures puissent se développer. Cela aurait été un signal fort vers le secteur automobile, l’invitant à des innovations, par exemple en alternative à la combustion classique (e-fuel). L’Europe pouvait ainsi devenir leader dans des marchés novateurs, au lieu de renforcer sa dépendance à la Chine, déjà gigantesque dans le domaine ».

Pour les deux Députés, l’impréparation de l’UE pour atteindre cet objectif purement dogmatique rappelle tristement celle connue dans notre pays au niveau du nucléaire. « En 2003, les libéraux et socialistes, sous la pression des Ecolos, ont décidé de sortir du nucléaire sans plan stratégique, sans préparation, sans feuille de route.  Résultats 20 ans plus tard : le coût de l’électricité a explosé, l’expérience et le savoir-faire belge dans le domaine se sont volatilisés, les émissions de CO2 n’ont fait qu’augmenter alors que le nucléaire aurait justement pu les limiter…  Et le gouvernement, composé des mêmes familles politiques, en est arrivé à… décider de prolonger le nucléaire, dans un contexte d’insécurité pour les citoyens et les investisseurs ».

En conclusion, les Députés regrettent que : « sans stratégie industrielle préalable à ce genre de décisions, l’Europe se voue à une dépendance, alors qu’elle aurait pu investir dans une production propre, qu’elle maîtriserait. Cela aurait permis de gagner en autonomie, donc aussi en garanties d’approvisionnement et de coûts ».