L’autonomie énergétique : indispensable pour notre sécurité, capitale pour notre économie, primordiale pour lutter contre le dérèglement climatique

Le black-out général qui a frappé l’Espagne et le Portugal ce 28 avril témoigne de notre dépendance vitale à la production et à la distribution d’énergie. Notre monde s’éteint quand le courant ne passe plus. Comment expliquer dès lors que nous avons confié cette ressource essentielle à l’aléa de la géopolitique mondiale ? Pourquoi avons-nous dédaigné une souveraineté énergétique ?

Nous en appelons à une prise de conscience et à une réelle politique d’autonomie européenne. Il en va de notre défense, de notre résistance et de notre résilience.

Une réelle autonomie passera par de nouvelles capacités de production, le développement de technologies innovantes, un investissement pour renforcer le réseau et un progrès significatif de nos capacités de stockage. Nous ne pouvons plus dépendre d’éléments ou de composants que certains pays pourraient faire sauter en un claquement de doigts, nous plongeant ainsi dans le noir.

Plus tôt dans l’histoire, priver une cité des moyens de faire tourner son économie et sa capacité à alimenter sa population était une technique très rependue pour contraindre à la capitulation. Énergétiquement parlant, l’Europe a reproduit les conditions favorables d’un siège qui pourrait nous être très dommageable. Et si on changeait de modèle ?

 

Le monde est incertain. Afin d’assurer la paix, de nombreux pays, dont la Belgique, se réveillent aujourd’hui avec la nécessité de réinvestir dans leur défense. Acheter du matériel, des blindés, des avions, augmenter ses effectifs… font partie des leviers. Certes. Mais parallèlement, nous estimons indispensable d’investir dans nos capacités de production d’énergie afin d’assurer notre complète autonomie. Ne pas dépendre des autres est pour nous la meilleure arme. Les budgets actuellement orientés vers la Défense doivent prendre en compte cet impératif.

Pour le volet économique, la balance des échanges énergétiques et largement en défaveur de l’Europe. Nous achetons à l’étranger, nourrissant ainsi l’économie de pays que l’on condamne parfois et dont on se méfie souvent. Le paradoxe est là. Pour faire tourner notre économie, nous alimentons celle des autres, créant ainsi un différentiel de rythme et de concurrence. Investir dans notre souveraineté énergétique permettrait de réduire le déséquilibre et d’être plus compétitif sur le terrain de la mondialisation.

Enfin, Face aux défis climatiques, produire notre propre énergie, en respectant nos standards sociaux et environnementaux, à bien plus de sens que d’inviter les industries à se délocaliser pour aller polluer ailleurs, sans contrôle. Tant au niveau de l’emploi que du climat, nous sommes alors doublement perdant.

 

Face à ces constats économiques, climatiques et géopolitiques, il nous semble vital de repenser notre modèle énergétique. Cela doit se faire à l’échelle européenne. Nous sommes convaincus qu’un momentum se propose à nous. Nous devons profiter de la fenêtre de tir que nous impose les considérations stratégiques en matière de défense pour nous en donner les moyens et investir réellement pour l’avenir.