Le gouvernement doit enfin écouter le cri des victimes des attentats du 22 mars

Le gouvernement doit enfin écouter le cri des victimes des attentats du 22 mars en retirant sont projet de loi et en créant un Fonds d’indemnisation pour les victimes d’attentats, comme le réclament Les Engagés.

Les auditions des victimes au procès des attentats ont signalé à quel point le système actuel de recours aux assurances est difficile à vivre pour les victimes. Ce mardi encore, La Libre décrivait dans ses pages le labyrinthe administratif que cela représente. Ce constat, les associations de victimes et le député Georges Dallemagne l’ont déjà déploré à de nombreuses reprises au Parlement dans le cadre de la discussion du projet de loi du Gouvernement actuellement à l’étude. Alors que le Gouvernement tente pour la quatrième fois depuis 2016 de réparer sa législation en faveur de l’indemnisation des victimes, il continue à se soumettre au lobby des assurances, aux dépends des victimes…

Ces dernières semaines, le procès des attentats du 22 mars a été marqué par les témoignages bouleversants des victimes. Un terrible constat revient quasi systématiquement : la violente double peine vécue par les victimes confrontées aux assurances et à l’abandon par l’État. En voici quelques extraits :

« Et, épreuve supplémentaire que je n’aurais jamais pu soupçonner, et qu’aucune victime ne devrait subir après avoir traversé tant d’épreuves : la lourdeur de l’administration, du processus d’expertise et d’indemnisation».

« L’État a failli. Et maintenant, l’aide de ce même État est presque inexistante ». Karen Northshield, propos recueillis au procès par Le Soir.

« […] lorsqu’il s’agit d’argent, il n’y a plus d’humanité à espérer nous a dit un expert. »

« Nous avons été laissés entre les mains des assurances. Or dans ces moments-là, on a besoin de bienveillance et d’empathie. Au lieu de tout cela nous avons été examinés sous toutes les coutures et soupçonnés du pire ». Loubna Selassi, propos recueillis au procès par La Libre.

« Je sais que nous nous trouvons dans un procès pénal, mais je dois vous dire que si nous avions reçu une réponse attentive et un soutien de l’Etat belge, certaines de ces souffrances auraient pu être atténuées ». Charlotte Sutcliffe, propos recueillis au procès par Bx1.

« A ses yeux, par trois fois, l’État a échoué à la protéger : avant les attentats, le jour des faits en n’arrêtant pas le métro malgré la menace, et en laissant ensuite les victimes « en pâture » aux assureurs. La quadragénaire s’est sentie « humiliée, avec la complicité de l’État » » Témoignage de Virginie Valentin rapporté par Bx1.

Le projet de loi du gouvernement doit en principe résoudre ce labyrinthe. Cependant, il contrevient totalement et aux recommandations de la commission « attentats » adoptée à l’unanimité par la Chambre en 2017, et aux demandes des associations de victimes. Il ne prévoit toujours pas la création d’un Fonds d’indemnisation.

Du côté des Engagés, le député fédéral Georges Dallemagne insiste sur le fait que ce projet de loi ne peut aboutir en l’état. Ce serait une offense à l’égard des victimes. Il a déposé de son côté une proposition de loi il y a plusieurs mois qui, elle, répond clairement aux demandes des victimes ainsi qu’aux recommandation de la commission attentats. Elle prévoit notamment la création d’un Fonds. Dans le cadre de ce Fonds, l’État s’occupe d’indemniser les victimes et se tourne vers les assurances pour ensuite se faire rembourser. Un Fonds semblable existe en France. Il existe également pour les accidents technologiques et les fautes médicales.

« Je déplore le choix fait par cette majorité de suivre la demande du secteur assurantiel en lieu et place des victimes en refusant la création de ce Fonds. » ajoute-t-il.

Le député Engagé a poursuivi ses efforts pour améliorer le sort des victimes en déposant une dizaine d’amendements au texte du Gouvernement. Ceux-ci prévoient, d’une part, l’intervention d’une seule assurance, le Fonds commun de garantie belge et, d’autre part, le dédommagement  des victimes étrangères. Par le dépôt de ces amendements, Georges Dallemagne appelle ainsi les partis de la majorité à ne pas succomber aux appels du secteur du monde des assurances et à adopter une solution qui réponde enfin à la détresse des victimes d’attentats.

Georges Dallemagne et les députés Engagés demandent avec insistance qu’on écoute enfin la parole des victimes !