Les Engagés, ce n’est pas un parti politique comme les autres. #Entretien

Les Engagés, ce n’est pas un parti politique comme les autres. C’est un « Mouvement qui prend parti ». Laurent de Briey nous explique l’ambition qui se cache derrière cette expression. #Entretien

 

Laurent, Les Engagés veut être un Mouvement politique et pas uniquement un parti. En quoi est-ce différent ?

Nous utilisons l’expression de « Mouvement qui prend parti » pour bien expliquer que nous ne comprenons pas l’idée de Mouvement comme une organisation totalement différente de celle d’un parti, mais comme une organisation plus large et davantage ancrée dans la société civile que celle des partis traditionnels. En fait, un Mouvement qui prend parti, c’est un Mouvement qui est plus qu’un parti.

Cela veut dire que Les Engagés reste un parti politique, mais n’est pas que cela ?

Oui, on peut dire que Les Engagés reste un parti dès lors qu’il a l’ambition de défendre un programme politique qui puisse obtenir la confiance des électrices et des électeurs. Il leur proposera de soutenir des candidats qui sont susceptibles de les représenter dans les parlements et dans les exécutifs. Cela implique nécessairement des responsables qui disposent de l’autonomie suffisante pour décider et engager leur organisation. C’est une condition d’efficacité de l’action politique.

Souvent l’idée de Mouvement est assimilée à une structure purement « horizontale », où les adhérents sont consultés directement sur les décisions à prendre et où il n’y a plus vraiment de structures intermédiaires. Qu’en sera-t-il dans Les Engagés ?

Ce n’est pas notre compréhension de ce que doit être un Mouvement. Une organisation politique, ce n’est pas une addition d’individus, c’est un collectif. La suppression des structures intermédiaires, par exemple en imaginant que les décisions soient prises en demandant aux adhérents de voter directement en ligne sur une plateforme numérique, ne ferait que renforcer le pouvoir des (ou du) dirigeant(s), comme l’illustre l’évolution du Mouvement 5 étoiles ou de En Marche. Ne confondons pas un outil pertinent de consultation — qui a d’ailleurs été largement utilisé dans le cadre de Il fera beau demain et qui continuera à l’être au sein de Les Engagés — en un processus de décision.

Participer ne peut pas se limiter à donner son avis sur ce qu’on ne connaît pas – sinon Twitter ferait l’affaire. Cela demande d’avoir accès à des lieux d’échange et de débat. C’est savoir que ce qui y est dit sera relayé. C’est pouvoir demander des explications. L’existence des structures intermédiaires est nécessaire à la délibération et permet des niveaux d’engagement adaptés aux souhaits de chacun.
Par contre, un problème se crée lorsque les différents niveaux de la structure sont étanches les uns par rapport aux autres, lorsque l’information ne circule pas. C’est pourquoi les instances nationales de Les Engagés, l’assemblée politique et le bureau exécutif, accorderont aussi une place importante aux représentants des adhérents afin de favoriser cette circulation de l’information et de garantir l’ancrage dans la société.

Mais alors en quoi Les Engagés n’est-il pas qu’un parti mais aussi et avant tout un Mouvement ?

Ce qu’il y a de fondamentalement différent, c’est que, à côté de la mission traditionnelle de participation et de représentation politique, notre Mouvement en aura deux autres. Une mission de réflexion et d’animation tout d’abord. Il devra conserver le dynamisme de Il fera beau demain et faire vivre le débat d’idées, la participation interne et le dialogue avec les citoyens. Chaque année une grande Convention réunira l’ensemble des adhérents. Au cours de celle-ci, nous choisirons cinq thèmes de notre projet politique qui seront rediscutés entre nous et avec les citoyens intéressés. Nous referons des débats locaux, des assemblées citoyennes et des ateliers en ligne. Nous inviterons des experts et, lors de la Convention suivante, nous réactualiserons notre projet politique. Celui-ci sera ainsi en évolution permanente.
Mais en rester là ferait de nous un parti en mouvement, pas encore un Mouvement qui prend parti. C’est pourquoi nous souhaitons que notre Mouvement ait une troisième mission.

Et en quoi consiste cette troisième mission ?

C’est une mission d’actions citoyennes. Pour retrouver la confiance des citoyens, les paroles ne suffisent pas. Il faut des actes. Nos valeurs, nous devons les mettre en œuvre au quotidien, indépendamment de notre participation ou non au pouvoir. Nous devons nous retrousser les manches. Nous devons créer des associations, porter des projets concrets. Nous devons montrer qui nous sommes par ce que nous faisons pour les autres.

A terme, l’objectif est que chaque bassin de vie, l’instance de base du Mouvement, soit porteur d’une action citoyenne concrète en fonction des besoins locaux. Un bassin créera par exemple une association intergénérationnelle où des jeunes apporteront des repas à des aînés en perte d’autonomie. Un autre gèrera des abris d’urgence pour les femmes victimes de violence. Un troisième organisera une école de devoirs. Les possibilités sont multiples. L’important est d’être dans le concret.

Ces trois missions seront-elles incarnées dans l’équipe dirigeante du Mouvement ?

Oui, toute la structure du Mouvement a été pensée sur la base de ces trois missions. Le président ou la présidente aura la responsabilité de la participation politique. Il sera le porte-parole et le visage du Mouvement. Mais il aura à ses côtés deux vice-présidents avec des fonctions précises. L’un sera en charge de la réflexion et de l’animation politique, l’autre de la coordination des actions citoyennes. Ces deux vice-présidents devront faire pleinement vivre la dimension Mouvement de Les Engagés.

En fait, ce « Mouvement qui prend parti », c’est une ambition, une réalité à construire, pas encore un acquis.

Tout à fait. Plusieurs années seront nécessaires pour que le déploiement du Mouvement soit achevé. Nous avons fait consciemment le choix de ce travail collectif de longue haleine afin d’enraciner profondément notre Mouvement dans la société et de le rendre réellement participatif et inclusif. Notre réussite dépendra de… l’engagement de chacune et chacun. Nous devons mériter notre nom !