Prix de l’énergie : face à l’urgence, des aides concrètes et d’ampleur des Gouvernements sont une exigence

Les Engagés proposent un plafonnement des prix et une couverture bancaire pour couvrir les acomptes de la facture d’électricité.

Le Comité de Concertation qui se tient demain ne peut en aucun cas se solder par un échec. Les citoyens et les entreprises étouffent. Le prix de l’énergie est une horreur. Le danger de voir une partie de la classe moyenne basculer dans la précarité est réel, et nous pensons singulièrement aux familles monoparentales, retraités et travailleurs à faible salaire. Bon nombre d’entreprises sont sur le point de fermer leurs portes et de basculer en faillite tant le prix de l’énergie les fragilise. Sans oublier la fragilité accrue des collectivités et du secteur associatif.

Les Engagés regrettent l’attentisme des Gouvernements et leur manque coupable d’anticipation : depuis déjà trois mois, au Parlement de Wallonie par la voix de François Desquesnes, nous demandons la réunion d’un Codeco. En vain. Catherine Fonck et Georges Dallemagne somment le Gouvernement fédéral d’agir depuis des mois, bien avant les congés d’été. Pendant ce temps-là, de nombreux pays européens ont pris des mesures. Notre Mouvement a déjà proposé le 23 août dernier des mesures d’urgence via un communiqué de presse de Christophe de Beukelaer, Député bruxellois, en vue de soulager la situation de nombreuses personnes.

Les familles et les entreprises, petites ou moyennes, ne pourront bientôt plus absorber l’augmentation de leurs acomptes mensuels. Au cours actuel du gaz (300 EUR/MWH), la facture énergétique moyenne par ménage passerait à +/- 8000 EUR/an en 2022 (contre +/- 1800 EUR en 2019). Et vous avez beau diminuer votre consommation d’énergie de moitié, vos factures sont doublées ! C’est intenable.

Afin d’amortir le choc, dans l’immédiat, comme il n’existe pas de mesure miracle qui fasse d’un coup chuter les prix et que le marché mondial du gaz échappe à notre maîtrise, Les Engagés plaident pour la mise en place d’une couverture bancaire garantie par l’Etat pour protéger les consommateurs. Nous préconisons la mise en place d’un système de financement garanti par l’Etat comme cela a été fait en temps de crise Covid. Les particuliers et les entreprises qui ne peuvent pas assurer une partie du paiement de leurs factures énergétiques peuvent les présenter à leur banque qui les solderaient pour leur compte. L’Etat garantirait ces crédits ainsi qu’un taux réduit pour en assurer la liquidité. Dans le même esprit un système de mutualisation des impayés auxquels devront faire face les fournisseurs d’énergie doit aussi être mis en place rapidement pour éviter des problèmes de liquidité trop importants et tout risque de faillite.

Cette mesure simple serait une formidable bouffée d’oxygène pour de nombreux Belges qui vivent pour le moment dans l’angoisse de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins essentiels ; c’est aussi une question de dignité, de pouvoir de vivre et cette aide permet de réaliser avec plus de sérénité la transition énergétique. C’est aussi un enjeu clé pour ne pas faire exploser en vol notre tissu économique, tant les entreprises sont aussi à la peine. Cela n’exonère nullement les Gouvernements et singulièrement le fédéral, de prendre des mesures de soutien plus ciblées et pertinentes que la politique généralisée des chèques, pour réellement aider ceux qui en ont le plus besoin. Il y a dans cette politique une gabegie budgétaire et sociale.

Face au choc énergétique violent que nous traversons, il faut avoir le courage de dire la vérité aux citoyens : la seule solution crédible sur le long-terme passe par (1) une diminution drastique de la consommation ; (2) l’électrification des usages et (3) la création de nouvelles capacités de production d’énergie décarbonées (aussi bien renouvelables que nucléaires !).

Dans le contexte actuel, comme elle l’a fait pour la crise Ukrainienne et lors de la crise financière de 2008, l’Europe doit être aux côtés des citoyens en intervenant directement sur le marché. Elle doit user de sa puissance économique pour imposer une diminution du prix sur le marché. Tout en assumant ses propres compétences et responsabilités, le Gouvernement doit exiger que nos partenaires européens donnent un mandat de négociation inconditionnel et unique à la Commission afin que cette dernière puisse obtenir la suppression des surprofits indécents réalisés par certains producteurs internationaux et ramener plus de rationalité dans le marché.

Pour trouver une solution structurelle au problème énergétique, les Engagés sont cependant convaincus qu’il faudra oser aller un cran plus loin, « penser différemment », et découpler structurellement le prix du gaz du prix du marché. Les règles classiques de fixation des prix ne sont en effet pas adaptées au marché énergétique et, comme nous pouvons le constater, sont très sensibles aux logiques émotionnelles et spéculatives des marchés financiers. Elles sont même un frein à la réalisation de la transition. Vouloir placer un plafond temporaire au prix de l’énergie et/ou négocier au niveau européen n’est pas suffisant, il faut que les autorités aillent jusqu’à fixer et piloter les prix de manière stratégique afin de permettre aux différents acteurs de faire les investissements et les changements nécessaires pour une production d’énergie décarbonée, notamment via l’énergie nucléaire, dans un contexte suffisamment prévisible. Il nous faut un Etat stratège pour les prix, la lutte contre le changement climatique et la production d’énergie, et qui assume à ce titre l’accélération du renouvelable mais aussi le rôle du nucléaire nouvelle génération comme allié de la solution.

Concrètement Les Engagés proposent de fixer, dès à présent, le prix de gros du gaz à 100 EUR/MWH, quelle que soit l’issue des négociations de la Commission sur le marché. Cette décision peut être prise immédiatement et ce niveau de prix permettrait de garder un « signal prix » qui pousse à l’action en faveur de la transition climatique, tout en limitant drastiquement la hausse de la facture moyenne des ménages. Ce prix serait ensuite piloté par l’Etat en tenant compte des objectifs de la transition, économiques et budgétaires et de l’évolution du cours du gaz.

Aussi longtemps que le prix du marché reste supérieur à ce seuil, la différence serait prise en charge par l’Etat dans cadre d’un « fond pour la transition ». Si les prix du marché devaient repasser sous ce seuil (par exemple grâce aux négociations de la Commission), les fournisseurs devraient continuer à vendre l’énergie au prix de 100 EUR et reverser les surprofits induits dans le fond. Les « dettes » du fond seraient remboursées et, en cas de solde positif, l’argent pourrait être dédié au financement de la transition ou redistribué sous forme de « dividende carbone ». Ce mécanisme permettrait par ailleurs de déjà résorber une partie des surprofits réalisés par les producteurs belges d’électricitéà cause de la méthode du coût marginal (un peu comme l’ont fait l’Espagne et le Portugal).

Enfin, une réforme fiscale crédible, et non pas alibi, doit rapidement s’enclencher car c’est aussi par la valorisation du travail et davantage de justice fiscale que les citoyens retrouveront des moyens financiers complémentaires pour vivre dignement. Et sur ce volet-là aussi, les tergiversations du Gouvernement fédéral sont pathétiques et coupables. (Nous renvoyons à nos diverses propositions fiscales antérieurement formulées).