Pourquoi cette thématique est essentielle ?   

En Wallonie, selon les dernières données de l’IWEPS (2023), 144 communes sont classées comme rurales. Ces territoires, qui couvrent la majeure partie du territoire régional, accueillent environ 32,6 % de la population wallonne. Les zones rurales se distinguent par leur faible densité de population, la prédominance de paysages naturels et agricoles, ainsi qu’une urbanisation limitée. Elles jouent un rôle central dans la vie économique, sociale et environnementale du pays   Les territoires ruraux sont au cœur des enjeux du développement durable (production des énergies renouvelables, ressources naturelles immenses, en première ligne face au dérèglement climatique.)  

Ces territoires abritent une population diverse, des savoir-faire locaux, une activité agricole essentielle qui maintient notre souveraineté alimentaire et un riche patrimoine culturel, naturel et humain. Pourtant, ils sont de plus en plus confrontés à un phénomène préoccupant de désertification : disparition des services publics de proximité, fermeture de guichets, diminution de l’offre médicale, recul de l’offre de commerces locaux, mauvaise couverture numérique et difficultés de mobilité. Ce recul progressif fragilise le quotidien de nombreux citoyens et renforce un sentiment d’abandon et d’injustice territoriale. 

Dans de nombreux villages, la population doit aujourd’hui parcourir plusieurs kilomètres pour poster un colis, retirer de l’argent, consulter un médecin ou simplement faire leurs courses. Les petites gares ferment, les distributeurs de billets disparaissent, les postes deviennent des « points » parfois introuvables faute de commerce.  

​La couverture numérique en Wallonie a connu des améliorations significatives, mais des disparités subsistent, notamment dans les zones rurales de plusieurs provinces. En 2023, environ 4,4 % des ménages de la province de Namur ne disposaient pas d’une connexion Internet satisfaisante (moins de 30 Mbps), et près de 2 % avaient une connectivité très limitée. D’autres provinces, telles que le Luxembourg et le Hainaut, présentent également des zones blanches où la connectivité est insuffisante. Cela complique encore plus l’accès à l’administration ou à la santé en ligne. Cette désertification affaiblit la cohésion sociale, freine le développement économique local et compromet l’égalité entre citoyens. 

Une ruralité au cœur de notre projet  

Les Engagés défendent une ruralité vivante, équitable et connectée, pleinement prise en compte dans toute politique publique. Face au recul des services, notre Mouvement propose des solutions concrètes : création de guichets multiservices et de petites cités administratives locales, développement de maisons médicales de proximité et de services de santé mobiles, soutien aux soins à domicile et accompagnement des professionnels de santé dans leur installation. 

Nous voulons aussi renforcer la mobilité rurale, durable et innovante et dite des “derniers kilomètres” avec les voitures personnelles, des vélos, une offre de transport à la demande, des lignes de bus adaptées… Côté commerce, nous encourageons les initiatives locales sous toutes leurs formes : commerces partagés, ambulants, coopératifs ou multiservices, en collaboration avec les acteurs locaux. Nous tenons également à maintenir des commerces de proximité et à développer des espaces de travail partagés pour dynamiser les villages. 

Dans cette perspective, il est essentiel de soutenir les initiatives de développement de l’économie circulaire et de valoriser les circuits courts ainsi que les produits du terroir. Le développement et le soutien des TPE et PME en milieu rural sont également prioritaires. Encourager le développement économique en zone rurale, c’est renforcer la vitalité de nos villages et valoriser les richesses locales. En soutenant les petites entreprises, les artisans, les commerces de proximité et les initiatives coopératives, nous créons des emplois durables et des services essentiels au cœur des territoires. Miser sur l’économie locale, les circuits courts et l’innovation, c’est offrir aux zones rurales de nouvelles opportunités, tout en respectant leur identité et leurs ressources. 

Nous croyons également en la mutualisation intelligente de certains services publics, là où elle permet de maintenir une offre sans sacrifier la proximité. Des partenariats avec des acteurs privés ou associatifs peuvent contribuer à maintenir des infrastructures essentielles, à condition d’être encadrés et orientés vers l’intérêt général. Le numérique, enfin, doit être un outil d’égalité : meilleure couverture réseau, développement des Espaces Publics Numériques, accompagnement à l’usage. 

Pour Les Engagés, la ruralité n’est pas un passé à préserver, mais un avenir à construire – un levier de transition écologique, économique, de justice sociale et de vitalité démocratique. 

Pourquoi ce débat?  

Les défis sont connus : contraintes budgétaires, manque de moyens humains, logique de concentration des services. Mais des solutions existent, souvent déjà expérimentées à l’échelle locale ou dans d’autres pays. Elles reposent sur une condition essentielle : la participation de toutes et tous. Car les habitants des zones rurales sont les mieux placés pour identifier leurs besoins, imaginer des réponses adaptées et porter des projets collectifs. 

Cette contextualisation a pour objectif de nourrir la réflexion collective dans le cadre du processus participatif annuel autour des thèmes de réflexion. Il s’agit non seulement de constater les manques, mais surtout de faire émerger des propositions originales, concrètes et ancrées dans le vécu des citoyennes et citoyens. Nous comptons sur vous pour enrichir cette démarche avec vos idées, vos expériences et vos initiatives !