Interview de Laurent de Briey: « Si l’on construit un mouvement sur un passé, on exclut forcément »

Les Engagés ont supprimé toute référence au christianisme de leurs statuts et de leur manifeste. Notre conviction est qu’un mouvement politique doit rassembler autour de valeurs et d’un projet communs. Dans une société plurielle, construire un mouvement sur un héritage exclut forcément les personnes dont l’histoire est différente, alors qu’elles peuvent partager les mêmes aspirations pour l’avenir. Laurent de Briey s’explique dans l’interview jointe.

Que répondez-vous à ceux qui reprochent aux Engagés de s’être coupés de leurs racines?
Je suppose que les racines en question seraient le christianisme et il est vrai que nous ne souhaitons pas situer notre nouveau mouvement dans une forme de filiation préférentielle avec le christianisme. Pour autant, l’intention n’est certainement pas de nous couper de tout enracinement philosophique – ce serait un comble pour le philosophe que je suis. Mais nous voulons éviter que notre mouvement puisse être compris comme un mouvement essentiellement de chrétiens, aussi ouvert soit-il aux personnes d’autres convictions, mais où celles-ci resteraient en quelque sorte des invités.
Vous craignez que la mise en avant de vos racines contribue à exclure certains?
Nous vivons dans une société plurielle. Si l’on construit un mouvement sur un passé, on exclut forcément les personnes dont l’héritage est différent. C’est pourquoi il nous semble plus intéressant de nous rassembler autour d’un projet commun qui est nourri de la diversité des histoires de celles et ceux qui se reconnaissent dans ce projet et les valeurs qu’il exprime.