Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes : l’urgence d’agir, ici et maintenant

Chaque année, le 25 novembre nous rappelle une réalité brutale : en Belgique, les violences faites aux femmes persistent, se répètent et se banalisent. Elles détruisent des vies, fracturent des familles et mettent en lumière des inégalités encore profondément enracinées dans notre société. Derrière les chiffres, ce sont des visages. Derrière chaque statistique, une histoire, souvent tue.

Une réalité qui ne peut plus être ignorée

En 2024, au moins 21 féminicides ont été recensés en Belgique. Un nombre déjà insupportable, et pourtant incomplet : notre pays peine encore à centraliser les données. En 2023, elles étaient 26.

Les violences sont loin de se limiter aux actes extrêmes :

  • 78 % des femmes déclarent avoir subi des violences « hands-off » : remarques, harcèlement, comportements intrusifs.
  • 42 % ont subi des violences physiques.
  • 16 % ont été victimes de viol.
  • Dans la sphère intime, une femme sur trois en Belgique a déjà été victime de violences psychologiques, physiques ou sexuelles de la part d’un ou d’une partenaire.

Et pourtant, nombre d’entre elles ne portent pas plainte. En 2022, la police a enregistré 49 093 faits de violence domestique… mais combien restent invisibles, étouffés par la peur, la honte ou la culpabilité ?

Ce constat doit également être mis en parallèle avec un fait inquiétant : un homme sur deux estime qu’une victime peut être en partie responsable de son agression. Ces préjugés, encore trop ancrés, contribuent au maintien d’un climat où la parole des femmes reste mise en doute.

Notre conviction : la lutte contre les violences de genre est un combat permanent

Les violences faites aux femmes ne surgissent pas du néant. Elles s’inscrivent dans un continuum, allant :

  • du sexisme ordinaire,
  • au harcèlement dans l’espace public,
  • aux mécanismes de la culture du viol,
  • jusqu’aux violences conjugales et aux féminicides.

La lutte nécessite donc une réponse globale : déconstruire les stéréotypes, protéger, prévenir, soutenir et sanctionner.
C’est un combat de société, un combat politique, et un combat humain.

Des actions concrètes sont en cours. Elles doivent être poursuivies, renforcées et évaluées.

Wallonie – Fédération Wallonie-Bruxelles – Cocof : une politique transversale ambitieuse

Les ministres Coppieters et Lescrenier finalisent une Stratégie genre et droits des femmes 2025-2029, portée par six axes majeurs : prévention, santé, normes sociales, égalité économique, accès à la justice et participation des femmes à la vie publique.

Un plan intra-francophone de lutte contre les violences faites aux femmes (PVIF) est également en préparation. Il rassemblera les actions des trois gouvernements francophones.

En mars 2025, plusieurs renforcements ont été annoncés :

  • Extension du dispositif DIViCo — un outil crucial dans les situations de risque élevé de féminicide — à toutes les provinces wallonnes.
  • Déploiement envisagé d’un “Pack Nouveau Départ” pour accompagner la reconstruction des victimes.
  • Travail renforcé sur la prise en charge des auteurs, indispensable pour rompre les cycles de violence.
  • Création d’un numéro d’aide simplifié à trois chiffres, pour remplacer le 0800 30 030 (36 appels par jour en moyenne).

Enseignement supérieur : un tournant nécessaire

La Ministre-présidente Élisabeth Degryse a présenté en novembre 2025 un avant-projet de décret pour protéger les étudiantes et étudiants contre toutes les formes de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles.
Avec un budget de 2 millions d’euros, ce texte impose aux établissements :

  • un plan stratégique interne,
  • des actions de sensibilisation,
  • un accompagnement psychologique, juridique et administratif,
  • des mécanismes de dépôt de plainte protégés et lisibles,
  • une cellule d’écoute externe aux établissements,
  • et, en cas de sanction, un refus d’inscription dans toute la FWB pendant trois ans.

Une avancée essentielle pour rendre nos campus plus sûrs.

Niveau fédéral : des progrès législatifs importants

La Commission Justice de la Chambre vient d’adopter à l’unanimité la proposition de loi déposée par Aurore Tourneur, garantissant aux victimes de violences conjugales le droit de rester dans le logement familial — une avancée majeure pour la protection des victimes et de leurs enfants.

Concernant la mise en œuvre de la loi “Stop Féminicides”, le Ministre Beenders a confirmé la finalisation d’un arrêté royal organisant enfin la collecte, l’analyse et l’évaluation annuelle des données policières et judiciaires.
Un premier rapport quantitatif est attendu en 2026.

Un message clair : nous ne devons pas lâcher la pression

Chaque femme a droit à la sécurité, au respect, à la liberté.
Chaque femme a le droit de vivre.

Lutter contre les violences basées sur le genre, ce n’est pas un slogan.
C’est une responsabilité collective.
C’est un devoir politique.
C’est un impératif moral.

En cette journée internationale, nous réaffirmons notre engagement total : protéger, prévenir, accompagner, responsabiliser et transformer la société pour que plus aucune femme ne vive dans la peur.

Parce que tant qu’une seule femme sera victime, notre travail ne sera pas terminé.