Challenges
Dans certaines matières, il est plus difficile de faire reconnaître ses compétences en tant que femme. J’ai été amenée par le passé à suivre des travaux dans le cadre de 2 extensions d’école et aujourd’hui, dans un dossier de construction d’un hall sportif. Le secteur de la construction est principalement masculin. A chaque dossier, il a fallu un certain temps avant qu’on ne m’accorde du crédit.
Pour l’ensemble des communes de la province, nous sommes 8 femmes sur 44. Nous avons assez régulièrement des réunions entre Bourgmestres et dans ces assemblées, je me sens moins à l’aise pour prendre la parole. Je crois que j’ai peur du jugement. Pourtant, je n’ai été confrontée qu’une seule fois à une situation où je me suis sentie jugée.
La gestion des critiques fait partie des défis. Je parle ici des critiques non constructives, des rouspétances sans discussion et bien souvent lancées en dehors de ma présence, notamment sur les réseaux. Il faut être conscient qu’on ne peut plaire à tout le monde et que du coup, on sera la cible des râleurs, des mécontents. Les réseaux sociaux sont évidemment le lieu le plus fréquent de ces attaques. Parfois, il est plus facile de faire fi de celles-ci. Pour moi, ça dépend en général de mon état de fatigue, de mon équilibre psychologique et de l’origine de la critique. Si je suis dans une phase positive et en pleine forme, je vais plus facilement accuser les coups et ne pas les laisser m’affecter. De même, si c’est un citoyen lambda qui émet des critiques, je les accepterai plus facilement. Par contre, si c’est une personne proche de moi, je le vis plus difficilement.
Enfin, mon engagement a impliqué une modification conséquente de notre fonctionnement familial. D’une épouse et maman très présente, presque toujours là le soir, présente pendant les congés scolaires car j’étais enseignante, je me suis transformée en maman très active, souvent absente, devant conjuguer entre toutes mes fonctions : épouse, maman, enseignante, échevine et conseillère. Mon mari, de son côté, a dû prendre une place plus importante dans l’organisation familiale ; repas, gestion des enfants, de la maison. Ce renversement de rôle est encore plus important depuis que je suis bourgmestre même si, au niveau des enfants, je reste la référente affective pour les confidences, les problèmes, l’organisation, les chagrins d’amour 😉…
Je suis consciente que je suis très peu présente au niveau familial et que c’est mon mari qui en est le plus impacté. Mais nous en parlons régulièrement, on essaye de s’octroyer des petits moments privilégiés en famille mais aussi en duo ou trio.
Dans mon engagement qui m’apporte beaucoup de satisfaction, de plaisir, c’est la chose que je vie le plus difficilement, ce sacrifice de ma présence au sein de ma famille.