Rentrée politique : Le courage de changer

Chers amis,

Les temps actuels sont particulièrement moroses. Nous percevons autour de nous cette angoisse des lendemains, vous la partagez peut-être vous- mêmes. Mais ce n’est pas parce que les temps sont moroses qu’il faut entretenir la sinistrose. Les idées, les combats doivent au contraire être plus intenses que jamais. A une crise exceptionnelle, il nous faut répondre en reprenant prise sur notre destin, pour notre bien commun. Une fin de cycle – car c’est bien de cela dont il s’agit – ne peut qu’engendrer le courage de changer.

 

Mes amies, mes amis,

Vous Les Engagés, vous êtes et serez près d’un millier de participants à cette journée de rentrée. Et je vous remercie de cette présence massive et de cette confiance.

Il y a 6 mois, jour pour jour, nous étions à la veille d’un grand changement. La couleur turquoise allait apparaître. Les Engagés allaient naître. La régénération allait écrire ses premières lignes politiques. Des doutes, j’en ai eu bien sûr. Mais le lendemain, le 12 mars, j’avais déjà une première certitude. L’enthousiasme est un moteur puissant qui peut nous amener loin. Aujourd’hui, j’ai une autre certitude : ce qui se passe dans notre pays et dans le monde a un besoin énorme et nécessaire de changement.

Les rues dans nos villes ressemblent parfois à du Far West, et qui parle vraiment de Justice et de Police ? Nous. Les burnouts fracassent les travailleurs. Qui en parle ? Nous ! La crise de l’énergie, qui propose un nouveau système ? Nous.

Nous avons eu le courage de changer nous-mêmes notre logiciel parce que nous voulons changer le système au bénéfice de tous et affronter adéquatement les défis qui nous font face.

 

Comme opposition, nous aurions pu rester au balcon. Mais non. Au contraire, ceux qui devaient bosser durant l’été sont partis en vacances la pâquerette dans la bouche et sont revenus la fleur au fusil. Aucune anticipation, aucune mesure nouvelle, un groupe de travail, des projets de loi reportés sine die. On rêve ! Tandis que d’autres pays européens prennent des mesures à la hauteur des enjeux, parfois en réunissant même jusqu’à leur conseil de guerre, nous en Belgique, on codéconne dans les différents gouvernements.

Pendant que ces gouvernants ont le cœur léger, moi j’ai le cœur lourd. Les factures d’énergie sont devenues impayables. Nous avons été les premiers à proposer un plafonnement des prix pour soulager les acomptes, puis un nouveau système qui permet à la fois de diminuer la facture par trois et de favoriser une transition énergétique sereine et solidaire. Nous avons appelé à une Union nationale pour dépasser les clivages stériles des partenaires de la majorité. Créer une nouvelle harmonie. Mais la Vivaldi préfère toujours jusqu’ici la partition du chaos. En temps de Covid, toutes les forces vives politiques du Royaume étaient concertées, l’enjeu n’est certainement pas moindre maintenant au vu de ce qui s’annonce.

 

J’accuse les gouvernements de non-assistance à personnes en danger. Quand près de 40% de la population risque de basculer dans la précarité ou la grande pauvreté. Quand des entreprises font faillite. Quand des artisans sont aux abois. Quand des retraités décommandent leurs soins à domicile. Quand des travailleurs doivent se remettre en recherche d’un second job. Il ne s’agit même plus du pouvoir de vivre mais du pouvoir de survivre quand les acomptes d’énergie qui s’annoncent risquent de dépasser le montant de votre prêt hypothécaire ou de votre loyer mensuel.

C’est impardonnable mais voyez le nombre de personnes dans l’angle-mort des gouvernements :

  • Les familles monoparentales : quel désespoir pour celles et ceux qui gagnent 2.000 euros/mois. Chaque jour qui passe est un stress supplémentaire sans une réponse des autorités qui donne espoir. Dans les arrêts du Tribunal de la Famille, il est estimé que le coût en moyenne d’un enfant est de 650 euros/mois tout le temps qu’il est à la maison. C’est juste devenu impossible de nouer les deux bouts.
  • Les indépendants aussi : alors qu’il suffirait entre autres de réactiver certaines mesures Covid.
  • La classe moyenne ou ce qu’il en reste : car c’est l’angoisse de ne pas, de ne plus exister, et je pense aussi ici aux pensionnés, aux indépendants, aux ménages qui bossent. Ça fait un paquet de monde.
  • Sans oublier le secteur non marchand et associatif, dont personne ne parle sauf nous, et qui lui aussi traverse des zones de graves turbulences.

 

Bien sûr, c’est la guerre, mais ajouter du chaos au chaos est irresponsable. Evidemment, la situation est complexe, mais ne rien initier de neuf ajoute au contexte anxiogène, le doute, la peur et le désespoir. Parmi les solutions, il y a aussi la réforme fiscale qui permettrait de gagner mieux sa vie par les fruits de son travail. Une réforme fiscale que nous voulons sérieuse, pertinente, crédible et bien en phase avec les réalités de notre époque, répondant autant à la lourdeur de la fiscalité sur le travail qu’aux enjeux de l’accélération de la transition climatique. Pas une Xième réformette avec quelques rustines. Mais qui en parle encore ?

 

Alors moi je veux bien. Certains sont fiers, voire très fiers. En vérité, on ne peut être fier du néolibéralisme débridé qui empoche et détrousse, qui profite et appauvrit. Tout ne doit pas être soumis aux lois du marché et à la spéculation. Cette doctrine a son corolaire et ami, l’éco-socialisme qui place les citoyens sous perfusion avec des petits chèques et un risque d’assistanat qui, au lieu de mettre l’humain debout, le met à genoux.

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Alors pour se faire oublier de ses propres turpitudes, ça parle de balade dans les bois, de jets-privés. Les studios Walt Disney réaniment Pinocchio, la scène politique belge ne l’a jamais vraiment abandonné entre dogme de la technologie ou dogme des énergies alternatives qui vont nous sauver. Et quand le Premier Ministre lance que ça va être dur dans les 10 ans qui viennent, on peut lui reconnaître de dire les choses, mais quelle faute de ne pas présenter aussitôt des mesures fortes et tracer des perspectives pour sortir du tunnel. Il faut agir sur tout et partout : énergies renouvelables, nouvelles sources, sobriété et nucléaire.

Je me pince quand des ministres se chamaillent pour définir la classe moyenne, vous voyez celle qui commençait à regarder pour se soigner, qui regarde aujourd’hui comment se chauffer et avec l’angoisse de ne plus pouvoir se nourrir demain. Derrière la problématique énergétique, c’est surtout le pouvoir de vivre des personnes qui est en jeu ainsi que la liberté de vivre dans toutes les dimensions de leur humanité. C’est une question de sens et de dignité.

 

La population a besoin de soutien, de créativité. J’en appelle aux lucides, aux pragmatiques et aux visionnaires pour un nouveau pacte énergétique, pour un nouveau pacte social et de prospérité. Nous avons proposé une nouvelle stratégie et un financement pour l’énergie ; nous proposons une révolution fiscale ; nous voulons un Etat stratège. Un Etat actif qui libère et soutient, qui régénère pour cultiver l’humanité et la planète sans les épuiser. Un Etat qui reprend la main sur son destin.

 

Nous devons, nous Les Engagés, incarner la vertu qui aujourd’hui fait le plus défaut dans le paysage politique belge auprès des anciens partis : le courage. La gouvernance est paralysée; nos gouvernements se superposent et s’entrechoquent, mais ne parviennent plus à décider. Alors que le risque de fragmentation de notre cohésion sociale et d’implosion de notre économie, est bien plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’a été avec la crise Covid. On entend et on lit beaucoup d’états d’âme de nos gouvernements, mais on ne perçoit guère plus d’âme d’Etat.

La démonstration est faite chaque semaine sous nos yeux que l’alliance de la gauche et de la droite, ça ne donne pas une politique équilibrée du centre. Cela ne donne tout simplement rien. Des bagarres, des chamailleries entre partenaires, ça oui ! Mais des décisions fortes, une vision d’action, un horizon d’espoir, ça non. Trois fois non. Preuve que ce clivage est dépassé, et cet attelageinefficace. Un grand mouvement central, un grand mouvement centriste comme celui auquel nous aspirons, sera en 2024 la réponse la plus adéquate pour nos citoyens, afin de conjuguer à nouveau efficacité et sérieux, responsabilité et courage.

Le climat et l’énergie, la santé et le bien-être, le travail et la fiscalité, la justice et la sécurité seront nos priorités pendant les deux années qui viennent. Non pas pour préserver le système qui broie mais pour le changer fondamentalement. L’actuel chaos montre et démontre que la société a besoin de ce centre XXL. Le retour au pragmatisme, à l’efficacité et au sens de la vie est indispensable pour redonner à la planète et ses habitants des perspectives durables et soutenables, un nouvel espoir qui n’est pas vain.

Ce ne sera pas facile, il faut avoir le courage de l’affirmer mais nous traçons une route.

A la grande démission, à la grande dépression, je choisis la grande mobilisation. Tous ensemble pour le rebond. Avec le courage de changer le système. Il nous faudra parler vrai et agir juste.

 

Alors, avec une finesse toute relative je le concède vu l’endroit où nous nous trouvons, je redis que nous devons changer d’atmosphère… Je vous souhaite, pour l’heure, de partir dans les étoiles et de décrocher la lune.

Merci à vous toutes et vous tous, Les Engagées et Les Engagés.