
Comment mettre en valeur nos enseignants, leur donner plus de liberté dans l'accomplissement de leurs missions, améliorer leur bien-être, et ainsi lutter contre la pénurie ?
Pourquoi cette thématique est essentielle ?
L’enseignement est un pilier fondamental de notre société : il forme les citoyens de demain, soutient l’émancipation individuelle et collective, et structure notre avenir économique et démocratique. Pourtant, la profession traverse une crise profonde.
Près d’un enseignant sur trois (34%) en Fédération Wallonie-Bruxelles a envisagé de quitter la profession en 2020-20211. A ceci s’ajoute une augmentation préoccupante des congés maladie de longue durée chez les enseignants en FWB, affectant particulièrement les membres les plus expérimentés du corps professoral.
Ce malaise, loin d’être uniquement individuel, est le symptôme d’un problème structurel. Il s’explique en grande partie par un manque de reconnaissance, une surcharge administrative et des conditions de travail souvent difficiles. Ces conditions difficiles résultent de plusieurs facteurs identifiés par les enseignants eux-mêmes : des classes trop chargées qui compliquent la gestion quotidienne, une autonomie insuffisante qui freine les initiatives pédagogiques, une charge administrative excessive qui détourne du cœur du métier, et un manque de reconnaissance pour leur engagement. Ils pointent également l’impact de réformes successives, souvent jugées déconnectées des réalités du terrain, ainsi que les difficultés liées à l’inclusion des élèves à besoins spécifiques, trop souvent sans moyens adaptés.
Ce que propose notre Mouvement : des professeurs revalorisés via une formation et des conditions de travail améliorées
Conscients de ces défis, Les Engagés défendent une approche globale de la revalorisation du métier. La finalisation de la réforme de la formation des enseignants est une priorité, avec un accent mis sur la différenciation des apprentissages et la maîtrise des outils numériques. Les nouveaux enseignants qui le souhaitent pourront bénéficier d’une revalorisation salariale, en échange d’un temps de travail légèrement augmenté, dédié au soutien des élèves.
Pour stabiliser les parcours professionnels, l’entrée dans la carrière se fera via des contrats à durée indéterminée (CDI), garantissant les mêmes conditions que le statut actuel tout en supprimant sa rigidité. Les statutaires en place seront maintenus. L’accès à la profession sera facilité pour les professionnels d’autres secteurs, et les débutants obtiendront plus rapidement un CDI dans un bassin scolaire proche de leur domicile.
Face à la crise de l’éducation et la pénurie d’enseignants, nous devons repenser les conditions de travail (effectifs, charge administrative, réformes successives). Il est essentiel d’évaluer les réformes en cours, d’intensifier la formation, d’augmenter les stages et de diversifier les méthodes d’apprentissage. La reconversion professionnelle sera encouragée pour attirer de nouveaux talents. Enfin, la rénovation des infrastructures scolaires est indispensable pour un cadre d’apprentissage adéquat.
Dernières évolutions et perspectives
Parmi les évolutions récentes, la ministre Glatigny envisage l’introduction du CDI-E, de nouvelles réformes pour le qualifiant et des initiatives pour mieux soutenir les débuts de carrière. Le respect envers les enseignants fait aussi l’objet d’enquêtes et de nouvelles pistes d’action. Le débat est également relancé autour de la structuration du tronc commun et de l’organisation de la 3e année secondaire.
La Déclaration de Politique Communautaire (DPC) de la Fédération Wallonie-Bruxelles fait de la lutte contre la pénurie d’enseignants une priorité majeure. Pour améliorer le bien-être au travail, une étude spécifique sera lancée afin de mieux comprendre et traiter le mal-être enseignant. En parallèle, une simplification administrative est prévue pour renforcer l’autonomie des écoles, tandis que la formation continue sera intensifiée pour soutenir l’évolution professionnelle. Le nombre d’élèves par classe sera encadré pour mieux prendre en compte la diversité des besoins (nombre d’élèves revu à la baisse si certains ont des besoins spécifiques), et des ajustements des débuts et fins de carrière ainsi qu’une révision des congés et absences sont également envisagés.
D’autres mesures visent à renforcer la stabilité et l’attractivité de la profession : facilitation des remplacements, modernisation de la gestion des capital-périodes, possibilité d’heures supplémentaires en concertation avec les syndicats, et participation accrue des étudiants de dernière année aux activités d’enseignement. La stabilisation des carrières sera accélérée grâce à l’octroi facilité de contrats à durée indéterminée, offrant ainsi plus de sécurité aux jeunes enseignants.
Enfin, la DPC prévoit de fusionner progressivement les réseaux d’enseignement officiels, afin de mettre fin aux discriminations historiques entre réseaux libre et officiel et garantir une égalité de traitement. Toutes ces mesures s’inscrivent dans la poursuite du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, en veillant à ce qu’il reste connecté aux réalités du terrain et aux attentes des acteurs de l’éducation.
Pourquoi ce débat?
À travers cette réflexion, c’est la qualité de notre enseignement que nous défendons. Valoriser nos enseignants, c’est assurer un environnement d’apprentissage stimulant et bienveillant pour nos enfants et jeunes. Il s’agit de poser des questions essentielles : Comment permettre aux enseignants de retrouver le plaisir d’enseigner ? Comment les soutenir face aux défis quotidiens ? Comment attirer vers ce métier des profils variés, enthousiastes et compétents ?
La lutte contre la pénurie d’enseignants est un enjeu collectif qui engage l’ensemble de la société. C’est aussi une question de justice : offrir à tous les élèves, partout en Fédération Wallonie-Bruxelles, un enseignement de qualité, quelles que soient les circonstances.
Cette fiche a pour objectif de nourrir la réflexion collective dans le cadre du processus participatif annuel autour des thèmes de réflexion. Le but de cette démarche n’est pas de pointer du doigt ou de simplifier un sujet complexe, mais bien d’écouter les expériences, de réfléchir ensemble et de proposer des solutions inspirantes et positives. Nous comptons sur vous pour enrichir cette démarche avec vos idées, vos expériences et vos initiatives !

Dans le cadre de son processus annuel de réflexion, Les Engagés invitent toutes et tous à contribuer à l’actualisation de notre projet politique. En complément des événements organisés sur le terrain dans les bassins de vie, vous pouvez contribuer en ligne à cette thématique !
Vos idées viendront alimenter les échanges locaux ainsi que les travaux du groupe de travail en charge d’élaborer des propositions concrètes. Chaque contribution compte !
Le rôle des Président.e.s des Groupes de travail
Les président·e.s des Groupes de travail occupent une place essentielle dans notre démarche participative. Désignés pour leur expertise et leur connaissance approfondie de la thématique, ils et elles ont pour mission de piloter la réflexion, d’animer les échanges au sein de leur groupe et de structurer les contributions. Ces dernières émanent des débats organisés dans les bassins de vie ainsi que des réponses recueillies via notre site. Les président·e.s veillent à faire émerger des recommandations claires, cohérentes et ambitieuses, qui seront ensuite soumises à l’Assemblée politique et à la Convention annuelle pour nourrir le projet du Mouvement.

Mathilde Vandorpe
Mathilde Vandorpe, députée et cheffe de groupe des Engagés au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, incarne un engagement profond en faveur de l’éducation. Ancienne professeure de français, elle a toujours accordé une importance particulière au contact avec la jeunesse, à son développement et son bien-être. Depuis plus de dix ans, elle siège activement au sein de la commission de l’Éducation, où elle s’investit dans de nombreuses thématiques scolaires et qui orbitent autour de ce thème. Son parcours témoigne d’une volonté constante de promouvoir une école inclusive et adaptée aux besoins de chaque élève.