Réforme des pensions : on fait le point
Comment relever le vrai du faux dans toutes les rumeurs et informations qui circulent autour de la réforme des pensions ? On fait le point.
Comment relever le vrai du faux dans toutes les rumeurs et informations qui circulent autour de la réforme des pensions ? On fait le point.
Si je prends un congé parental ou un congé pour prendre soin d’un proche, je vais être pénalisé ?
Faux. Les périodes de congés de soin sont assimilés à du travail effectif pour le calcul de la durée de la carrière. Ce calcul vaut tant pour la carrière complète que pour la retraite anticipée et les calculs des bonus-malus. La seule EXCEPTION concerne la nouvelle possibilité de prendre sa pension à 60 ans si on a cumulé 42 ans de carrière. Pour l’instant (ce sera évidemment encore discuté) le Ministre Jambon souhaite qu’il ne soit tenu compte que du travail effectif, du chômage temporaire et du congé de maternité.
En ce qui concerne le montant de la pension, là non plus, pas de pénalité puisque le Service fédéral des Pensions prend en compte un salaire fictif normal, c’est-à-dire basé sur votre rémunération réelle avant cette période de congé.
Les femmes sont égales aux hommes au niveau des pensions ?
Faux. La pension moyenne des femmes reste inférieure à celle des hommes : environ 1 836 € contre 2 223 €, soit un écart de 17 % (pensionstat.be).
Pourquoi ? Parce que les pensions reflètent toute une carrière :
La réforme améliore la prise en compte des congés de soins et de maladie, mais l’inégalité salariale et les différences de parcours professionnels expliquent l’écart persistant.
Le service militaire est pris en compte.
Vrai. Le service militaire est bien assimilé à du travail effectif pour le calcul de la durée de la carrière. Ce calcul vaut tant pour la carrière complète que pour la retraite anticipée et les calculs des bonus-malus. La seule EXCEPTION concerne la nouvelle possibilité de prendre sa pension à 60 ans si on a cumulé 42 ans de carrière. Pour l’instant (les discussions sont toujours en cours) le Ministre Jambon souhaite qu’il ne soit tenu compte que du travail effectif, du chômage temporaire et du congé de maternité.
L’âge légal de la pension va encore augmenter avec cette réforme.
Faux. L’âge légal reste inchangé : 65 ans pour les personnes nées avant 1960, 66 ans pour celles nées entre 1960 et 1963, et 67 ans pour celles nées à partir de 1964. La réforme ne touche pas à cet âge légal, mais elle revoit certaines conditions pour l’accès à la pension anticipée et introduit des bonus/malus pour inciter à prolonger l’activité. En d’autres termes, on garde le même âge officiel, mais on encourage ceux qui le peuvent à rester actifs plus longtemps pour améliorer leur pension.
Si je tombe malade plusieurs mois, ma pension sera réduite.
Faux. Il faut bien distinguer deux aspects : la date de départ à la pension et le montant de la pension.
Les pensions les plus élevées contribuent davantage.
Vrai. Entre juillet 2025 et fin 2029, les pensions légales les plus élevées verront leur indexation limitée. Ainsi, une pension de 6 000 € brut par mois ne sera plus augmentée de 2 %, mais bénéficiera d’une hausse forfaitaire de 36,17 €. Cette mesure permet de répartir l’effort de solidarité de façon plus équitable : les petites pensions restent pleinement indexées, tandis que les plus hautes participent davantage au financement du système.
Le nouveau système de bonus pension est moins intéressant que l’ancien.
Faux. Le bonus actuel (supprimé dès 2026) était versé en une seule fois, à la prise de pension. Le nouveau bonus sera beaucoup plus avantageux car il prend la forme d’une majoration permanente du montant de la pension : +2 % à +5 % selon la génération. Autrement dit, au lieu de recevoir une prime ponctuelle, on bénéficie chaque mois d’une pension plus élevée à vie. C’est un vrai incitant à travailler plus longtemps.
La pension des indépendants est améliorée.
Vrai. Grâce au bonus pension, un indépendant qui prolonge sa carrière au-delà de l’âge de la pension verra le montant de celle-ci augmenté. Le bonus est un dispositif particulièrement intéressant pour les indépendants.
Si je pars en pension anticipée, je risque un malus automatique.
Faux. Le malus ne s’applique pas à tout le monde. Il ne concerne que les personnes qui partent avant l’âge légal sans remplir les deux conditions de carrière :
Si vous remplissez ces conditions, vous ne subirez pas de réduction. Ce système vise à encourager les carrières longues et à éviter que des départs trop précoces mettent en péril la soutenabilité du système.
J’ai été au chômage pendant deux ans, je vais devoir travailler deux ans de plus.
Faux. Le chômage est assimilé à du travail effectif pour le calcul de la durée de carrière et de la pension anticipée. Par contre, ces deux années risquent d’avoir un impact au niveau financier. En effet, pendant les périodes de chômage, un salaire fictif est calculé au plafond salarial minimum (32 764,09€ en 2024 pour une année complète[1]) ce qui pourrait réduire le montant de la pension. A noter que le chômage complet n’est pas pris en compte pour les conditions de malus si vous désirez partir en pension anticipée.
Les fonctionnaires sont touchés par la réforme.
Vrai. Tout en respectant les attentes des personnes proches de l’âge de la retraite pour lesquelles sont prévues une période et des mesures transitoires suffisantes, les fonctionnaires sont aussi concernés par la disparition progressive des régimes préférentiels.
Avec cette réforme, la pension minimum est maintenue.
Vrai. La pension minimum est maintenue et même consolidée. Elle reste un filet de sécurité pour tous ceux qui ont travaillé au moins 20 ans (avec périodes assimilées incluses). Pour les plus jeunes générations, cette condition est rendue plus claire : environ 5 000 jours de travail effectif sur une carrière. La réforme garantit donc que chacun aura droit à une pension décente, même avec un parcours professionnel fragmenté.
Si je pars à 67 ans mais avec seulement 20 ans de carrière, je subirai un malus.
Faux. Le malus ne s’applique jamais si vous partez à l’âge légal. Par contre, le montant de votre pension dépendra de votre carrière. Avec 20 ans de travail effectif, vous pouvez avoir droit à la pension minimum garantie. Si vous avez moins de 20 ans, votre pension sera calculée proportionnellement à vos années travaillées, et donc plus basse.
Si je pars à 59 ans avec une carrière complète de 35 ans (7 020 jours), je peux prendre ma pension sans malus.
Faux. Pour prendre une pension anticipée, en dehors même d’une question de malus, il faut respecter à la fois et une durée de carrière minimale et un âge minimal :
Donc vous ne pouvez pas prendre de pension anticipée à 59 ans. Vous pourriez à 60 ans si vous avez 44 ans de carrière d’au moins 156 jours de travail effectif OU – Nouveauté à partir de janvier 2027 – si vous avez 42 ans de carrière comprenant chacune au moins 234 jours de travail effectif.
En plus de ces conditions d’âge et de longueur de carrière, pour éviter le malus, il faut que dans cette carrière vous ayez 35 ans de carrière comportant chacune min. 156 jours de travail effectif et 7020 jours de travail effectif sur l’ensemble de la carrière.
Si je suis inactif à cause d’un handicap, je conserve mes droits pour ma pension.
Vrai. Une période d’inactivité pour cause de handicap est prise en compte dans le calcul de votre pension de salarié, à condition de remplir trois critères :
En résumé : une inactivité liée à un handicap reconnu n’entraîne pas de perte de droits, ni pour la date de départ, ni pour le montant de la pension. Le système prend en compte votre situation de santé afin d’assurer l’équité et de protéger vos droits sociaux.
Le malus est une double peine, car si je pars plus tôt, ma pension est déjà réduite par ma carrière plus courte.
Faux. Le malus n’est pas une double peine, mais un mécanisme d’ajustement. Lorsqu’une personne prend sa pension de manière anticipée, elle la touche plus longtemps que quelqu’un qui attend l’âge légal. Cela représente donc davantage d’années de revenus. Aujourd’hui, même si la pension est un peu plus basse parce que la carrière est plus courte, le système ne compensait pas toujours cette durée de perception prolongée.
Le malus vient rétablir une équité : plus on bénéficie longtemps de la pension, plus celle-ci est ajustée. C’est une logique dite « actuarielle », qui permet d’assurer un traitement équitable entre ceux qui partent tôt et ceux qui travaillent plus longtemps.
Et la réforme n’est pas à sens unique : à l’inverse, les personnes qui prolongent leur carrière au-delà de l’âge légal bénéficieront d’un bonus pension, qui revalorise leur pension à vie.
En résumé, ce mécanisme vise deux objectifs :
Il ne s’agit donc pas de punir, mais de rendre le système plus juste, tant entre les travailleurs qu’entre les générations.
Conclusion
Réformer les pensions, c’est toujours toucher à un sujet sensible, car est question de la dignité des aînés après une vie passée à travailler. Pourtant, face au vieillissement de la population et aux tensions budgétaires croissantes, ne rien faire aurait été irresponsable. En 2050, notre pays comptera près d’un million de pensionnés supplémentaires, pour à peine cent mille actifs en plus. Dans ces conditions, maintenir le statu quo revenait à condamner notre système à l’asphyxie.
Cette réforme n’est donc pas un choix idéologique, mais un choix de responsabilité. Elle vise à préserver la soutenabilité de notre modèle social, tout en renforçant sa justice interne : entre les hommes et les femmes, entre les statuts, entre les générations. Contrairement à certaines caricatures, il ne s’agit pas d’un bain de sang social, mais d’une mise à jour structurelle, pensée pour durer et pour mieux protéger celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Les Engagés ont mené ce combat avec constance : préserver l’équilibre financier sans sacrifier la justice sociale. Nous avons obtenu des garanties fortes : la pérennité de la pension minimum et de la GRAPA, la reconnaissance des congés de soin dans le calcul de la carrière, la prise en compte des absences pour raisons médicales, et la demande d’un avis du Bureau du Plan pour évaluer les impacts sociaux et de genre avant toute mise en œuvre définitive.
Nous avons refusé les slogans simplistes. Réformer, ce n’est pas punir ; c’est garantir, dans la durée, la protection de chacun. La réforme des pensions telle qu’elle se dessine n’est pas une fin, mais une étape : celle d’un système plus lisible, plus juste, et mieux adapté aux réalités du XXIᵉ siècle.
Les avancées sont réelles. Le travail est pleinement récompensé. La pension minimum est maintenue et consolidée. Les périodes de maladie et de soins sont désormais pleinement reconnues, corrigeant ainsi une injustice qui frappait surtout les femmes et les personnes fragilisées. Les pensions les plus élevées sont davantage mises à contribution, au nom d’une solidarité nécessaire. Enfin, la réforme rapproche les régimes publics et privés, mettant fin à certaines inégalités de traitement héritées d’un autre temps.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Certains mécanismes, comme le malus pour départ anticipé ou la limitation progressive des périodes assimilées, appellent encore des ajustements. Nous savons que des situations particulières – longues maladies, carrières atypiques, métiers pénibles – devront être examinées avec finesse. C’est précisément le sens de la deuxième lecture parlementaire : corriger, améliorer, protéger davantage. Nous y serons présents, attentifs et exigeants.
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