De la PAC européenne aux politiques locales : comment construire une agriculture qui prend soin des agriculteurs, des citoyens, des animaux et de l’environnement ?

Pourquoi cette thématique est essentielle ? 

L’agriculture est un pilier fondamental de notre société: elle nourrit la population, structure les territoires, façonne nos paysages et joue un rôle clé dans la transition environnementale. 

Pourtant, les difficultés sont nombreuses. Les prix de vente sont souvent décidés au niveau mondial, sans tenir compte des réalités locales. Les agriculteurs doivent faire face à une concurrence déloyale, à des règles complexes, à des aides européennes mal réparties et difficiles à obtenir. Beaucoup sont dépendants d’intrants chimiques coûteux et dangereux, tout en n’ayant pas les moyens de changer leurs pratiques sans risquer la viabilité de leur exploitation. Le climat, de plus en plus instable, provoque des pertes de récoltes. Les maladies animales ou végétales augmentent. À cela s’ajoutent un manque de débouchés, une dépendance accrue à des acteurs de la chaîne agroalimentaire, une surcharge administrative, un manque de main-d’œuvre, la hausse des coûts de l’énergie, un renouvellement des générations rendu difficile, etc. 

Dans ces conditions, le sentiment d’abandon est fort. Les agriculteurs travaillent énormément, pour un revenu souvent inférieur à la moyenne. Ils vivent mal le fait d’être parfois désignés comme responsables des problèmes environnementaux, alors qu’ils sont en réalité essentiels à la solution. La colère et la frustration sont légitimes, surtout lorsque les demandes se multiplient alors que leurs revenus diminuent. 

Agriculture, santé et environnement : des liens étroits 

Le contexte agricole difficile fait de l’agriculture l’un des domaines où les progrès possibles sont parmi les plus importants. Selon les derniers rapports du GIEC, l’agriculture, la foresterie et l’usage des terres représentent environ 22 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En changeant certains comportements, comme la réduction du gaspillage alimentaire, ces émissions pourraient baisser de 44 % d’ici 2050. 

De nombreuses pratiques agricoles plus durables — comme l’agriculture biologique, la diversification des cultures ou d’autres approches agroécologiques — permettent de réduire l’impact environnemental tout en améliorant la résilience des exploitations face aux aléas climatiques. Elles renforcent la sécurité alimentaire, favorisent la biodiversité et améliorent les rendements sur le long terme. 

Les agriculteurs sont loin d’être opposés à ces évolutions. Une enquête menée auprès d’un large échantillon d’agriculteurs français révèle que plus de 80 % d’entre eux sont déjà engagés ou prêts à adopter ces pratiques, à condition de pouvoir continuer à vivre de leur métier. Concernant les produits phytosanitaires, qui suscitent de nombreuses interrogations, 88 % des agriculteurs se disent favorables à leur réduction ou y travaillent déjà activement. 

Il ne s’agit donc pas d’opposer environnement et agriculture, mais bien de construire ensemble un modèle qui respecte à la fois la santé des producteurs, celle des consommateurs, le bien-être animal et l’environnement tout en assurant la viabilité économique des exploitations. Pour cela, il est indispensable de garantir aux agriculteurs les moyens économiques de changer progressivement sans mettre en péril leur exploitation ou leur famille. 

Quels leviers pour changer ? 

En Belgique, l’agriculture, tout comme la santé et l’environnement, est un domaine politique complexe car les compétences sont partagées. La gestion quotidienne et la réglementation agricole relèvent des Régions et du Fédéral. À cela s’ajoute la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union européenne, qui joue un rôle central. Elle fixe les grandes lignes, attribue les subsides et impose certaines conditions. La règlementation liée à l’utilisation de produits phytosanitaires peut ainsi venir de l’UE, du fédéral ou des Régions, ce qui complique souvent la lisibilité des décisions pour les agriculteurs. 

Malgré cette complexité institutionnelle, le changement ne dépend pas uniquement des lois. Il passe aussi par le terrain : les choix des consommateurs, les pratiques locales, les coopérations entre agriculteurs, les nouvelles formes d’agriculture ou encore les initiatives citoyennes en alimentation durable. Des dynamiques existent déjà partout, et elles peuvent compléter ou inspirer les politiques publiques. 

Cela nous ramène à la question centrale de notre thématique : De la PAC européenne aux politiques locales : comment construire une agriculture qui prend soin des agriculteurs, des citoyens, des animaux et de l’environnement ? 

Une approche transversale : le concept “One Health” 

Le concept “One Health”, ou “Une seule santé”, repose sur une idée simple mais puissante : la santé des humains, des animaux et de l’environnement est profondément liée. Par exemple, 75 % des nouvelles maladies humaines sont directement ou indirectement liées à des animaux sauvages, souvent à cause d’un déséquilibre écologique. Nos politiques et initiatives doivent donc répondre à cette réalité en adoptant une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires. 

Appliquer cette approche à l’agriculture permet de repenser nos pratiques pour qu’elles soient à la fois plus durables, plus saines et plus justes. Cela signifie protéger la santé des agriculteurs et des consommateurs, respecter le bien-être animal, préserver les sols, l’eau et les écosystèmes, tout en assurant une production agricole viable économiquement. 

Pour y parvenir, il faut une coopération entre les domaines de la santé, de l’environnement et de l’agriculture, des politiques cohérentes qui tiennent compte de leurs impacts sur l’ensemble de ces trois dimensions, et une meilleure information des citoyens. Cette vision, ancrée dans la nuance et l’équilibre, nous aide à construire un système plus résilient et bénéfique pour tous. 

Pourquoi ce débat ? 

Ce sujet est au cœur de nombreux enjeux actuels : environnement, alimentation, santé, bien-être animal, justice sociale. Il nous concerne tous, que l’on soit agriculteur, citoyen, élu, consommateur. Le consommateur a d’ailleurs un pouvoir très important, par des initiatives telles que les ceintures alimentaires, les coopératives, et les choix qu’il fait dans ses dépenses en nourriture, il peut concrètement aider des exploitations locales et aider le monde agricole dans sa mission sociale et environnementale. À travers ce débat, nous voulons faire émerger des propositions concrètes, réalistes et innovantes, issues du terrain et des acteurs concernés. 

Dans le cadre de son processus annuel de réflexion, Les Engagés invitent toutes et tous à contribuer à l’actualisation de notre projet politique. En complément des événements organisés sur le terrain dans les bassins de vie, vous pouvez contribuer en ligne à cette thématique!

Vos idées viendront alimenter les échanges locaux ainsi que les travaux du groupe de travail en charge d’élaborer des propositions concrètes. Chaque contribution compte !

Participer au sondage

Quels devraient être, selon vous, les priorités du modèle agricole ?
Etes-vous disposé(e) à augmenter votre budget mensuel dédié à l'alimentation pour acheter des aliments issus de pratiques agricoles plus durables (agriculture bio, agriculture raisonnée, commerce équitable, ...) ?
Qu’est-ce qui, selon vous, améliorerait la qualité de vie et les revenus des agriculteurs ? Des pistes plutôt économiques (subsides supplémentaires via impôt ou TVA), logistiques (simplification administrative), juridiques (régulation des marges bénéficiaires d’acteurs de la chaine agro-alimentaire), sociales (main d’œuvre et financement d’association pour créer du lien agriculteur-citoyen), ou autres ?

A propos de vous...

Genre*
Dans quelle catégorie d'âge vous situez-vous ?*
Quel est votre code postal ?*
Votre adresse mail*

Contactez-moi

Que pouvons-nous faire pour vous ?

Vous avez une question sur la thématique ou vous voulez proposer une idée ? Écrivez-nous ici !

Le rôle des Président.e.s des Groupes de travail

Les président·e.s des Groupes de travail occupent une place essentielle dans notre démarche participative. Désignés pour leur expertise et leur connaissance approfondie de la thématique, ils et elles ont pour mission de piloter la réflexion, d’animer les échanges au sein de leur groupe et de structurer les contributions. Ces dernières émanent des débats organisés dans les bassins de vie ainsi que des réponses recueillies via notre site. Les président·e.s veillent à faire émerger des recommandations claires, cohérentes et ambitieuses, qui seront ensuite soumises à l’Assemblée politique et à la Convention annuelle pour nourrir le projet du Mouvement.

Visage Image Coralie Bonnet 35998 2601

Coralie Bonnet

Coralie BONNET, 40 ans, de Bastogne, Députée provinciale du Luxembourg.

Licenciée en Langues et en Sciences politiques (études européennes), Coralie BONNET a été élue à Bastogne en 2012 et également à la Province en 2018. Depuis 2022, elle est Députée en charge de l’Agriculture, de l’Economie et du Budget notamment.

Les services qu’elle dirige sont aux côtés des agriculteurs au quotidien dans tous les aspects de la gestion de leur activité (conseils en énergie, bâtiments ; comptabilité ; administratif, commercialisation ; valorisation des circuits courts, sensibilisation du public et des collectivités locales ; …)